Faisons vivre l'esprit village

Manuel Arufat

ManuArticle paru dans Sergy Info no 42 – Octobre 2010

La vie de Manuel Arufat est tout sauf un long fleuve tranquille.

Manuel est né en 1938 en pleine guerre d’Espagne dans un petit village de Tarragone ; son père est déporté et sa mère, ayant perdu la trace de Manu bébé, il passe un an dans un orphelinat avant qu’un petit miracle ne permette à sa mère de le retrouver. Il a dix ans quand il retrouve son père en France à Port-Bou et il découvre enfin une vraie vie de famille dans la région de Pau. Ce sont les Hautes-Pyrénées, à la limite du Pays basque, qui lui forgent ce caractèreque tout le monde à Sergy lui connaît et apprécie. Il parle le Béarnais, l’Occitan et fait ses études à Pau. De mécanicien, il passe aux métiers du bâtiment et se retrouve à travailler dans des centrales nucléaires, des raffineries pétrolières et a passer son temps sur les routes d’Europe, en Allemagne, Hollande et en France. Sa vie de famille est de nouveau déchirée, il ne retrouve ses quatre enfants que tous les trois ou quatre mois. Son travail l’amène donc dans notre région en 1969 où il se décide à refaire sa vie.
Il rencontre sa seconde femme à Genève, elle lui dit qu’elle vient de Lucerne. Tant mieux répond-il, je travaille justement pour le CERN, et le lendemain il fait un scandale au CERN parce qu’aucune infirmière ne travaille au CERN… Il habite une caravane à Gex avant de pouvoir enfin s’acheter une grange avec son petit jardinet qui appartenait à Jean Reboud, à Sergy. Il la retape entièrement de ses mains et il en fait son petit Paradis.

Manuel se rappelle :

  • A Sergy était encore tout petit, il y avait juste quelques fermes autour de la grange, la maisonrose de Pierrot, la ferme de Jean Laracine,à côté il y avait George Vuaillet, quej’aimais beaucoup et à qui je pense souvent. Ily avait aussi l’alambic qu’on installait justeau coin du chemin de la Croix, et toutes cesvieilles familles de Sergy qui me procuraienttellement de douceur et qui ne sont plusaujourd’hui. Je les regrette terriblement. Je retrouvais des salades ou des poireauxdevant ma porte… Le caractère des Gessiens, je l’avais déjà rencontré dans le Paysbasque, le Bigourdin en haute montagne, dans les villages de montagnards. Ici, les gens ont également des mentalités de montagnards ; pour moi, la montagne, ça me nourrit les neurones, ça me fait des pansements pour toutes les conneries qui peuvent se dire pendant la journée ! Je suis un montagnard !

Ce qui intéresse Manuel, c’est le contact, le social, son éducation profondément catholique, sa vie familiale à une époque où les enfants participaient aux travaux avec les parents, son passage en orphelinat, ses études en pension dans un collège technique d’où on ne rentre que tous les trois mois, ses vacances passées à travailler sur des chantiers, l’ont profondément marqué. Partir à 4 heures du matin, marcher 50 km chaque jour, pour aller chercher des chevaux paissant dans les pâturages afin de les ramener dans la vallée pour les touristes de Lourdes à 9 heures et les remonter de nouveau le soir dans les pâturages, tout cela a développé chez lui le sens de l’effort. Manuel le dit : j’ai vécu de véritables westerns, ce sont des souvenirs extraordinaires.

Alors Manuel participe partout où il sent qu’il a quelque chose à apporter. Toute sa vie il a vécu en groupe, il a besoin de faire des choses, de s’impliquer.

  • A la maison mon père ramenait l’enveloppe à la maman, et ça c’est quelque chose qui vous marque de façon indélébile, et qui conditionne toute votre vie.

Comme il est sportif, il a naturellement joué au rugby dans le Sud- Ouest et depuis trente-cinq ans il pratique la plongée dans notre région. Quand le responsable de la piscine de Ferney lui propose de participer à la fondation d’un club de plongée, il commence par y faire des initiations, et il finit Président du Squale Club ! A ce jour, il en est toujours le vice-président. Il est très content que la Municipalité ait ouvert le City Stade, mais il aimerait bien voir un terrain de foot se créer sur l’emplacement qui était prévu à cet effet à Sergy-Haut. Cela dit, il n’est pas certain qu’il aurait le courage de monter tous les jours amener des jeunes s’entraîner là-haut !

Si on demande à Manu ce qu’il aimerait encore faire, en plus de ses multiples activités, il répond :

  • Quand comme moi on connaît la valeur d’un bout de pain, on se rend compte qu’on vit dans l’opulence alors, que demander de plus ? Disons que j’aimerais peut-être bien voyager pour moi et non plus comme je l’ai fait si souvent pour nourrir ma famille.

Et sa femme ?

  • J’ai une chance inouïe, j’ai une femme fantastique. A l’époque elle a même quitté l’Hôpital cantonal pour venir habiter avec moi et elle est allée travailler à St-Julien. Elle s’intéresse énormément à la gériatrie, ce qui fait de moi un de ses sujets d’étude préféré ! Elle travaille de nuit comme infirmière trois jours par semaine et sa passion, à part moi évidemment, ce sont les chevaux ; son premier cheval, elle se l’est offert en Islande avec l’argent de son tout premier travail. Depuis, elle en a toujours eu et nous avons acheté un terrain pour qu’elle puisse les faire paître. Nous avons en plus une très grande chance car Michel et Bernadette Telley nous prêtent gentiment leur parcelle près du Cairoly. Le cheval de ma femme est très doux, alors nous encourageons les gens et les enfants à passer par ici lui faire une caresse. Il n’y a pas longtemps, nous avons acheté une petite chèvre pour lui tenir compagnie et depuis ils s’entendent très bien !

Manuel Arufat parle peut-être un peu fort parfois, mais on le sent fondre comme neige au soleil quand il évoque ses enfants, et les enfants en général. Du haut de ses 72 ans, c’est certainement le grand-père que beaucoup d’entre nous auraient bien aimé avoir !

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